l'Aiguille de la République
De Chamonix on ne peut manquer l'élégant profil de l'Aiguille de la République: accolée aux Grands Charmoz cette superbe pointe de granit se dresse fièrement vers le ciel. Depuis longtemps déjà l'histoire de sa conquête me fascinait: je me représentait E.Beaujard et J.Simond cherchant le meilleur itinéraire vers le sommet en cet été 1904. L'Aiguille sommitale, elle , ne céda aux assauts qu'a force de moyens artificiels: pitons à expansions et lancer de corde à l'arbalète !.
Cet été, en compagnie de trois futurs apirants-guides je passe enfin la rimaye , porte délicate de cette voie audacieuse. Une première partie commune avec Grépon-Mer de Glace se déroule "aux anneaux": nous avançons à quelques mètres les uns des autres. Puis nous tirons à droite, il faut faire quelque peu attention à la pose des pieds : un rocher instable aurait vite fait de dégringoler 300mètres plus bas, risquant au passage de blesser un alpiniste. Le terrain se redresse un peu et de courts ressauts de 4 demandent de poser les mains. Mon compagnon suit un itinéraire logique, il a du nez semble-t-il : un bon signe pour un futur guide !. Finalement après avoir franchi un couloir marqué , nous nous retrouvons sous le bastion sommital. Le granit nous offre des prises franches pour surmonter quelques passages athlétiques: un piton par-ci, un piton par-là, un pas à droite du fil, deux pas à gauche et hop ! nous débouchons au pied de la célèbre dalle de la République.
Dans nos sacs pas d'arbalète, mais une douzaine de mousquetons sur lesquels nous allons tirer sans vergogne pour atteindre le sommet. Et, conformément à tous ceux ayant déjà gravi cette flèche, nous ne pouvons que nous émerveiller devant son étroitesse et le gaz impressionnant qui remplit l'abîme de la face nord. A califourchons, tels des funambules, nous immortalisons l'instant, puis la bonne humeur aidant je me dresse sur ce colossal obélisque . Tiens , tout d'un coup le moindre souffle de vent menaçant pour mon équilibre précaire... L'heure tourne et il faut descendre car attention, la République est exigeante à la montée comme au retour: les horaires le prouvent et nombreux sont ceux qui finirent à la frontale.