Eperon Migot-Chardonnet
Ce matin le réveil sonne tôt: 3h50. Mon rêve de plage blanche et de mer coralienne s'enfuit à grandes enjambées...je secoue Michel, pour quelqu'un qui se disait ne pas dormir en montagne je trouve qu'il est parti loin dans les bras de Morphée !.
Petite Tartine , petit café, petits yeux, à la lueur des frontales nous quittons le refuge Albert 1er. Deux heures de marche pour rejoindre le départ. Une cordée de 3 nous précède, mais ils s'en vont bien vite vers la goulotte Escarra. Nous serons seuls dans l'éperon Migot. C'est une chance à laquelle je m'habitue: avec Michel il semble qu'il soit récurrent de se retrouver tranquilles sur des sommet habituellement fréquentés.
La rimaye franchie une rampe nous mène sur l'éperon: la neige est dure, les conditions excellentes. Le rythme est bon quand soudain je sens la corde se tendre, je me crispe sur mes crampons et mes piolets. Michel a mal anticipé le changement de neige et ses ancrages ont laché. Je jure " ' dieu ! dans ce terrain garde au trois appuis corrects avant de déplacer quoi que ce soit !!". Heureusement nous sommes à 2 m l'un de l'autre, faute de qui nous serions partis pour un toboggan peu sympathique. Brutalement ramené à la réalité de l'exigeance du terrain sur lequel nous nous déplaçons je sens qu'il se reconcentre. A 50m sous le sommet je note quelques taches grises. Par précaution je décide de faire une longueur: bien m'en prend car sous la neige se cache une glace dure. Je n'aurai pas aimé finir ici en corde tendue.
Enfin le sommet: nous retrouvons nos trois compères de l'Escarra ainsi que deux anglais venant de l'arête Forbes. La descente est avalée non sans une pause: en bon alsacien Michel a emporté de la saucisse a tartiner. Je me risque à ingurgiter cette curieuse mixture...on verra plus tard le résultat sur mon estomac !!
Une pente de neige, un second dérapage enrayé (sic !), la rimaye et le long retour sur le glacier...bref une bonne journée avec le Mchi. Seule ombre au tableau ? La France perd face à l'Argentine !!